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Benjamin Bardel : “Il faut le vivre pour comprendre”

Léa Héron 29 avril 2020
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Benjamin Bardel est comédien de cœur, de passion. Ce n’est pas son seul métier mais il y consacre une grande partie de son temps et de sa tête. On découvre ici, avec lui, ce qui lui a donné envie de se lancer, ses inspirations et ses anecdotes.

Bonjour Benjamin, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis au départ journaliste pour la radio et la télévision. Mais à force d’interviewer le monde de l’art et du spectacle, j’ai réveillé une flamme “théâtre” car j’en ai fait en amateur entre mes 13 et mes 18 ans. J’en faisais aussi un peu pendant mes études mais de façon éphémère. En 2008, j’ai interviewé le directeur d’un petit théâtre à Bordeaux qui m’a proposé de m’y remettre. Depuis j’ai remis la main, puis le bras, puis tout dans l’engrenage et je n’ai plus arrêté d’en faire, à raison de deux à trois pièces par an ! Mais je suis aussi toujours journaliste, qui reste mon métier premier.

Depuis combien de temps êtes-vous comédien ? Racontez-nous vos débuts.

Mes premiers pas, je les dois à mon prof de français au collège qui a dit à ma mère que je devrais faire du théâtre. Alors le mercredi au lieu d’aller au tennis ou au foot, j’allais au théâtre. Et voilà… Des petits rôles, des petits duos, les premiers textes de Dubillard, Desproges (une des mes idoles), Molière… des petits moments de grâce, des heures de répétition tous les mercredis pour un petit spectacle en juin que l’on jouait deux ou trois soirs seulement mais un bonheur inoubliable.
Et puis les premiers pas à Bordeaux, au Théâtre L’oeil La Lucarne, un tout petit théâtre dirigé par Jean-Pierre Terracol dans le quartier Saint-Michel. Le plaisir que l’on retrouve intacte 15 ans après. J’accepte des rôles puis d’autres et un jour je retrouve le directeur du Théâtre des Salinières qui me propose un “vrai” rôle dans un théâtre privé. Une vraie pièce puis une tournée grâce à son directeur, Frédéric Bouchet. Ma petite boulotte, une adaptation d’une pièce anglaise dans laquelle j’avais un tout petit rôle mais un vrai plaisir. Depuis, j’ai eu la joie de jouer une quinzaine d’autres pièces avec des rôles géants. Arsenic et vieilles dentelles, Le noir te va si bien, Boubouroche, Un monde merveilleux, Thé à la menthe ou t’es citron ?, Conseil de famille

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Que vous apporte-t-il ?

La chance de vivre avec une passion je pense. Elle est toujours en vous et vous donne l’envie, la curiosité et le courage d’y aller, de travailler pour vivre ça. Je dis souvent pour le théâtre : “Il faut le vivre pour comprendre”. Et surtout, la première chose à laquelle il faut penser, c’est le public. Le reste n’est que égocentrisme et philosophie. Une de mes amies avec qui j’ai beaucoup joué, excellente metteuse en scène aux Salinières, Christelle Jean, dit souvent : “Vous connaissez un métier où tous les jours on part de chez soi pour aller jouer ?”.  Je lui pique tout le temps cette phrase !

Y a-t-il des comédiens qui vous ont marqué ou inspiré ? Sinon, quelles sont vos autres sources d’inspiration pour vos personnages ?

Forcément. Louis de Funès, Gérard Depardieu, Charlie Chaplin, Jean Rochefort mais aussi les incroyables acteurs souvent issus du théâtre que l’on peut voir dans Le Seigneur des anneaux ou encore Game of Thrones, Six Feet Under… Mais la liste est si longue. Ensuite, je me nourris aussi de ceux que je connais sur scène. Les Salinières est un théâtre incroyable pour ça, avec une telle diversité de comédiennes et de comédiens. Alors je les regarde, les écoute, puise leur énergie en tant que partenaire mais aussi spectateur.

Avez-vous une anecdote en lien avec le théâtre ou un souvenir marquant à nous raconter ?

Quand c’est le jour de votre anniversaire sur scène et que vos partenaires ont des intentions surprises pendant et après la pièce. Les soirs où dans la salle il y a votre famille, c’est toujours troublant. Et puis certains soirs où les rires sont réels dans le jeu, les pleurs aussi. Je me souviens également d’une fois où nous étions malades comme des chiens avec les médicaments et les bassines cachées derrière le décor… Ce jour aussi où l’un de mes partenaires a perdu une dent en plein jeu. Quel moment ! C’est ça le spectacle vivant !

En ces temps de confinement, comment compensez-vous le manque de la scène ?

Je fais le plein de pièces en replay. Je lis celles que je vais jouer la saison prochaine et je fais des sketchs plus ou moins nuls sur Instagram, histoire de garder le lien avec l’extérieur et faire fonctionner un peu ma créativité. Enfin, je songe à une pièce, à écrire, un jour… Ça n’est pas demain.

Avez-vous des pièces qui arrivent dont vous aimeriez nous parler ? Ou des projets hors théâtre ?

J’en ai plein. Des cartons remplis de projets ! La machine de Turing et Edmond ont été les deux pièces qui tournent en France et à Paris qui m’ont le plus ébloui ces derniers mois. C’est intéressant de suivre aussi de plus près des collectifs de comédiens talentueux comme OS’O, aux idées dingues et à part. Des projets, j’en ai au théâtre mais aussi dans mes activités médiatiques. Je suis en train de développer avec des potes, tous très compétents dans leurs domaines, un collectif que nous avons baptisé “Moonflake”. C’est un collectif créatif dans le monde de l’audiovisuel, la photographie, le son, l’image. Nous avons déjà travaillé pour plusieurs personnes et ça ne fait que commencer. On a profité du confinement pour avancer à distance sur la structure, le site internet, les réseaux sociaux, etc. On a des envies au kilomètre. Et puis je vais reprendre la radio tous les matins, TV7 aussi et d’autres choses.

Pour finir, un conseil à donner à la prochaine génération de comédiens qui arrive ?

L’éternelle question… Le seul conseil serait d’être au plus près de ses passions et de ce que l’on aime vraiment. Et puis d’essayer de se lancer. Si on ne fait pas les choses, on ne saura jamais.

Pour retrouver toutes les pièces jouées au théâtre des Salinières, cliquez ici.

Propos recueillis par Léa Héron

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